CR #EGOS / “Etats Généraux de L’Open Source” organisés par le Syntec numérique (Paris-Berçy 21/01/13)
Pour changer je vais finir par la fin : mon retour sur Marseille et la lecture de mon premier livre depuis bien longtemps : “l’économie expliquée aux humains” de l’écologue Emmanuel Delannoy [acheté il y a plus d’un an suite à une soirée où il avait témoigné!]
Il y parle de biosphère et d’écosystème, et surtout des liens vitaux entre chaque entité (même les plus banales) et l’urgence de nous réveiller VRAIMENT sans uniquement créer des mots comme GreenIT. Là n’est pas le sujet de ce post … mais ce terme d’écosystème y servira.
Les “Etats Généraux de L’Open Source” [http://www.etatsgenerauxdelopensource.org/] se sont donc tenus lundi dernier (21 Janvier) à Paris Berçy, organisés par le Syntec Numérique (@syntecnumerique) et sous le “haut patronnage” du Ministère et de la Ministre Fleur Pellerin (@fleurpellerin) qui en a fait l’introduction.
Quelques retombées médiatiques à cette heure, on peut lire :
[1]http://www.usinenouvelle.com/article/fleur-pellerin-demande-a-la-filiere-open-source-de-se-restructurer.N189984
[2]http://www.journaldunet.com/solutions/dsi/1ers-etats-generaux-de-l-open-source-0113.shtml
[3]http://www.silicon.fr/alexandre-zapolsky-entretien-etats-generaux-open-source-82954.html
[4][en]http://www.talend.com/blog/2013/01/21/the-first-etats-generaux-de-lopen-source
ou encore :
[5]http://www.infodsi.com/articles/138177/etat-genereux-open-source-france.html
Pour être bref (ou pas):
– Très bonne initiative du Syntec Numérique et de son comité Open Source (co-président : @alex_zapolsky et Michel Isnard) même si l’organisation et le timing de préparation étaient perfectibles. Pour rappel ce 21 Janvier était le t0 de l’action qui doit se poursuivre par des groupes de travaux et un évènement final en septembre/octobre 2013.
– EGOS :
Lourd de sens de parler d’Etats Généraux de l’Open Source (EGOS) et relativement dangereux côté hashtag en découlant (on a pu lire sur twitter “bataille d’egos aux #egos” :P). L’intitulé depuis 2010 du CNLL (ndlr : Printemps du Libre) est plus en phase avec les valeurs de beaucoup des professionnels de cet écosystème. (je ne rentrerai pas dans le troll Open Source / Libre ici)
– Le CNLL représente les professionnels du Libre :
Patrice Bertrand, Président du CNLL a pu avec brio exposer le travail de fond réalisé par les 11 présidents des réseaux régionaux membres du CNLL en relai de leurs membres respectifs : http://cnll.fr/news/panorama-open-source-france/
Pour rappel, le CNLL existe depuis 3 ans et est constitué des 11 présidents des entités régionales Libres : Alliance Libre, Aquinetic, Cap Libre, Collibri, GTLL, Libertis, OSS@TV, PLOSS, PLOSS RA, Pôle Nord, Pro Libre. Soit près de 300 sociétés représentées au sein d’un Conseil National aux objectifs de “Fédération” qui peut avancer vite et bien dans ses actions en gardant une forte démocratie par des votes internes.
– La notion de Filière :
extrait de wikipedia : ” En économie, la notions de filière désigne le regroupement cohérent -d’un point de vue technico-économique- des opérateurs et des activités, concourant à la production (valeur ajoutée) de Biens ou de services identiques ou proches. La filière est dite intégrée lorsque les agents économiques des diverses étapes du cycle de vie (de l’extraction à la vente au détail) sont directement coordonnés entre eux […]”
Beaucoup d’intervenants ont bien précisé que le Libre est un écosystème avant d’être une filière du fait de la spécificité du Libre où “concourant à la production” intègre l’éditeur (dans le cas où il y en a un) et la communauté regroupant des professionnels mais aussi des bénévoles.
La phrase de la ministre “Mais pour que la France continue à jouer un rôle moteur dans ce domaine, la filière doit se restructurer” a été reprise par beaucoup de médias. Dommage que Mme Pellerin n’ai pas assisté à la présentation du CNLL.
La volonté globale de l’État est en effet d’avoir moins d’associations à tous les niveaux pour simplifier ses actions (et mécanismes de subventions). D’où la création des pôles de compétitivité et la volonté que les PRIDES ne soient plus multi-associations. Mais si cette centralisation s’entend en terme administratif, la réalité du terrain est différente. Les risques de faire passer tous les financements par de grosses et mega-structures dessert la réalité économique d’une majorité de TPEs/PMEs en France.
– Editeur VS Intégrateur / Notion de Champion :
Ces EGOS ont donné une place très (trop) importantes aux éditeurs de logiciels (libres). Heureusement certains éditeurs (comme ERP5 par la voix de smetsjp) ont bien précisé l’importance des intégrateurs. Je comprends la notion de “Champion” qui s’exporte et peut rayonner mais en terme de création d’emploi en France (ce qui devrait être une priorité) ce sont bien les intégrateurs (sous entendu : qui respectent les valeurs du Libre et contribuent) qui créent la majorité des emplois dans le Libre. Dans intégrateur j’intègre aussi les SSLL (Société de Service en Logiciel Libre) comme on disait il y a quelques années.
Autre point qui m’a fait réagir lors de la phase des questions, ces EGOS ont un peu oublié de parler des modèles économiques construits sur des produits Libre 100% communautaire où des intégrateurs français jouent le rôle de pont entre la communauté internationale et leurs clients finaux à qui ils apportent la garantie professionnelle.
Sur ce thème, j’ai ainsi réagi à l’intervention de Michel Isnard (Co-president Comité OS Syntec et Vice-président Redhat (Europe de ouest, sud et Afrique)) qui indiquait que le seul domaine où il fallait travailler était la partie PAAS/SAAS à savoir l’applicatif car l’infrastructure peut se résumer au Cloud ou aux systèmes aboutis type Redhat. J’ai alors indiqué que de nombreuses sociétés intégrant des systèmes libres notamment 100% communautaire comme Debian (oui comme @evolix :)) avaient leur place et une forte valeur ajoutée dans la filière (source de création d’emplois).
– Cloud et Freemium : Le “troll” des 2 Clouds souverain (dont Cloudwatt présent) subventionné par l’Etat (contrairement aux PME françaises ayant déjà mis en place des équivalents en autofinancement) a été évité.
A l’inverse, le danger du modèle Freemium pour le Libre a été longuement explicité pour faire ouvrir les yeux sur ce modèle sournois.
– Financer les PMEs du Libre et d’ailleurs / alias Intervention de l’Etat et compétitivité : Surprenant parfois d’entendre des éditeurs qui expliquent fortement se baser sur le système du CIR et autre investissement d’avenir… sans réel innovation (technologique ou même d’usage). Talend a pu dire tout haut ce que beaucoup d’entrepreneurs du Libre (et d’ailleurs) pensent tout bas : la fiscalité des entreprises en France empêche leur croissance. Pour être plus précis c’est avant tout l’instabilité (parfois rétroactive !) de cette fiscalité qui effraie investisseurs/entrepreneurs.
J’ai entendu deux extrêmes sur ce sujet :
– Ne plus compter sur l’investissement des business angel/investisseurs privés trop gourmands en rentabilité/ROI, mais faire financer sa R&D par un club d’utilisateur / ses clients [by @lcseguin : L’idée est que « l’avenir du logiciel libre dépend de ses utilisateurs, ou il ne pourra plus être libre »].
– Suspendre toutes ces aides de l’Etat mal réparties et réduire (avec l’économie faite) la fiscalité des entreprises pour réattirer les investisseurs qui financeront les projets viables avec une analyse amont (plus juste économiquement que les systèmes d’aide de l’Etat trop souvent déclaratifs).
La vérité est sûrement comme toujours au milieu, mais il est urgent de le trouver cet équilibre pour que le merveilleux écosystème du Libre continue à créer des emplois.
Petit rappel Le CNLL publie ses propositions pour une politique industrielle du logiciel libre, et une charte “libre emploi”
– Mini-conclusion : La dernière plénière de ces EGOS n’a pas donné lieu à un serment du Jeu de Paume mais a montré la capacité de l’écosystème du Libre professionnel en France à se réunir pour réfléchir et porter les valeurs du Libre. Il a su se poser les vraies questions pour son avenir : La formation de la future génération [où comme en vente liée les éditeurs propriétaires sont trop omniprésents], l’épée de Damocles du brevet logiciel en Europe ou encore la compétitivité de nos entreprises dans un monde globalisé.
– Mes photos sont là (petit clin d’oeil : Bonjour April)
et
2 photos : © Christophe Rabinovici
(mais non c’est pas EGO(S)centrique de poster des photos de soi :P)